Contexte

Malheureusement, les baleines à bosse ont été et sont encore chassées. Répertoriées sur la liste rouge de l ’International Union for Conservation of Nature (IUCN, www.iucnredlist.org), elles sont maintenant protégées au niveau international.

L’objectif des programmes scientifiques est de collecter des données pour pouvoir décrire les cétacés (espèces, résidence/migration, abondance) dans leurs environnements (réactions aux activités humaines).

Appelée stock C par la Commission Baleinière Internationale (http://iwcoffice.org), la population des baleines à bosse de l’Océan Indien se répartit, pendant la période de reproduction, entre la côte Est de l’Afrique du Sud et le Mozambique (C1), du Canal du Mozambique jusqu’à l’Archipel des Comores (C2) et dans les eaux côtières de Madagascar (C3). A ces trois sous-régions a été proposée une 4ème qui comprend l’île de La Réunion et l’île Maurice.

A ce jour, la dynamique, les échanges et le chevauchement entre les sous populations de baleines à bosse du stock C font toujours l’objet d’études scientifiques, avec le double objectif d’abord d’estimer la taille de la population et son évolution, puis de renseigner sur leurs activités et leurs déplacements dans cet océan.

L’étude des baleines à bosse permet également d’informer sur les impacts des activités humaines et sur la biodiversité marine.

Objectif

L’objectif principal des programmes scientifiques de Cetamada est d’étudier les baleines à bosse de Madagascar. Il s’agit de décrire leurs activités et leurs interactions lorsqu’elles viennent proches des côtes malgaches pendant la période de reproduction.

Méthodes d’observations

Il existe 4 catégories de méthodes pour les observations des cétacés dans leur milieu naturel. Ces méthodes sont complémentaires, elles peuvent être déployées séparément ou simultanément en fonction des questions scientifiques, des moyens et des situations contextuelles.

Ainsi, les observations visuelles seront privilégiées lorsque l’on s’intéresse à l’identification des individus, à leur distribution et à leur abondance. Les enregistrements acoustiques permettent de les détecter à moyenne et grande distance, et sont également utilisés pour étudier les interactions. Quant aux balises électroniques, elles permettent de caractériser les déplacements des baleines, notamment lorsqu’elles descendent en profondeur les rendant invisibles de la surface. Ces balises sont également utilisées pour étudier les routes migratoires. Enfin, les études génétiques renseignent sur l’ouverture génétique de la population, permettant ainsi d’estimer la bonne santé ou la fragilité de la population des baleines.


CHANTS (2007-2011)

Les chants émis par les mâles jouent un rôle fondamental pendant la période de reproduction, participant aux interactions entre mâle/femelle et mâle/mâle. Nous nous sommes intéressés à la structure de ces chants, notamment en introduisant le concept de sous-unité sonore, venant compléter les premiers travaux de Payne et Mc Vay. Nous avons également travaillé sur l’étude du générateur vocal des baleines à bosse à partir des études anatomiques du système laryngé.
Nous avons proposé un modèle acoustique théorique et avons montré les motivations des chanteurs dans la production de leurs unités sonores, en introduisant la théorie des 4L, pour Low, Loud, Long, Loquacious.


BAOBAB (2012-2014)

L’objectif était de caractériser les mouvements des baleines à bosse de Madagascar. La méthode retenue a été le recours à des balises Argos permettant de donner en temps réel les positions des différentes baleines implémentée.

Ces balises satellite sont couramment utilisées pour suivre les déplacements des animaux. En 2009, CLS France indiquait qu’il traitait plus d’un million de messages par jour provenant des 7000 balises Argos que les scientifiques ont déployé sur différentes espèces animales, principalement terrestre.

Pour le suivi des baleines à bosse, cette méthode a été mise au point par de grands laboratoires américains et australiens, notamment pour le déploiement de ces balises qui peut se faire à l’aide d’une perche ou d’un lance-amarres à air comprimé.

Aujourd’hui, 6 équipes de niveau international utilisent cette technologie : Hatfiled Marine Science Center (USA, https://marineresearch.oregonstate.edu/),

Alaska SeaLife Center, Mar-Eco (Norvège),

Australian Centre for Applied Marine Mammal Science (Australie, http://www.aad.gov.au/ acamms),

National Marine Mammal Laboratory (USA, http://www.afsc.noaa.gov/nmml) et CNRS-Cetamada (France-Madagascar).

Dans le cadre du programme BaoBaB, même en déployant des balises Argos sur un très faible nombre de baleines à bosse, nous avons montré que :

  1. elles sont extrêmement mobiles, y compris pendant la période de reproduction et

  2. elles se déplacent vers les côtes africaines, en passant par Mayotte et les Comores.


GENERATIONS (2015-2017)

L’objectif était d’étudier les interactions entre les mères et les baleineaux nouveau-nés. La place du baleineau est fondamentale dans la structure sociale des baleines à bosse. Il s’agit de mieux la décrire pour mieux comprendre les rôles des mères et, lorsqu’il y a des escortes ou des groupes actifs, celui des mâles.

Dans le cadre de ce projet, les données ont été faites à partir d’observations visuelles, que ce soit du bateau directement ou via l’utilisation de drones aériens, et aussi d’observations acoustiques, en recourant à des balises électroniques équipées d’un hydrophone et qui viennent se ventouser sur le dos de l’animal. Totalement non invasive et inoffensive pour les baleines, cette technologie est extrêmement utile pour étudier les émissions sonores d’un individu.


COMBAVA (2020)

Le projet COMBAVA est un projet qui a débuté au mois de mai 2020 jusqu’au mois d’avril 2022, un projet de Globice Réunion mené en partenariat avec Cétamada et 7 autres structures. Il est financé par l’Union Européenne et par la contrepartie nationale Française dans le cadre du programme FEDER INTERREG.

Le projet COMBAVA est composé de deux actions :

-« baleines sur écoute » - un réseau d’enregistrements de chants de baleine à bosse dans le Sud Ouest de l’Océan Indien » dont l’objectif est de :

  • Améliorer la connaissance sur la connectivité entre les sites de reproduction des baleines à bosse dans le sud-ouest de l'océan Indien; et notamment vérifier l’existence de deux flux principaux, d’une part des côtes de l’Afrique de l’Est vers l’Ouest de Madagascar, et d’autre part entre les îles des Mascareignes (La Réunion, Maurice) et la côte Est de Madagascar.

  • Renforcer les compétences des acteurs de la zone pour l’amélioration de la connaissance de cette espèce emblématique au niveau régional.

-« baleines sous observation - un suivi à l’échelle du sud-ouest de l'Océan indien » dont l’objectif est de :

  • Assurer la pérennité du suivi de la fréquentation des côtes réunionnaises par les baleines à bosse ;

  • Constituer un catalogue régional de photo-identifications des baleines à bosse du sud-ouest de l'océan Indien ;

  • Soutenir la dynamique positive du Consortium IndoCet ;

  • Renforcer les compétences des acteurs de la zone pour l’amélioration de la connaissance de cette espèce emblématique au niveau régional.


E.T.CE.TERA (2018-2020)

Le projet ET.CET.R.A (ETude des CETacés de la Réunion et Actions de coopération régionale), qui a débuté en Avril 2018, est réalisé en partenariat avec Cétamada, Mada Megafauna et la Mauritius Marine Conservation Society.

Il est financé par l’Union Européenne et la DEAL Réunion dans le cadre du programme FEDER INTERREG.

Son objectif principal est de favoriser la préservation des cétacés fréquentants les eaux du sud-ouest de l’océan Indien, par 3 moyens :

  1. Améliorer les connaissances relatives à la biologie et l’écologie des cétacés de la zone sur le plan local et régional

  2. Intensifier la collaboration des acteurs de la zone (partage de données, échange d’expertises, harmonisation des protocoles, mise en place d’études collaboratives)

  3. Diffuser les connaissances acquises sur les cétacés auprès du grand public et de la communauté scientifique

Le projet ET.CET.R.A se divise en deux grandes actions, l’une portant sur les baleines à bosse, et l’autre sur les dauphins côtiers.


Action 1 : Étude collaborative des baleines à bosse du sud-ouest de l’océan Indien

Il s’agit de mieux comprendre les modes d’utilisation des sites de reproduction des baleines à bosse dans le sud-ouest de l’océan Indien, grâce à différents types de suivis : Observation et photo-identification des baleines à bosse.

Des données d’observation et de photo-identification seront collectées à La Réunion pour étudier la fréquentation de la baleine à bosse et de ses variations inter-annuelles autour de l’île.

Des photographies de nageoires caudales seront également collectées à Madagascar, sur les îles de Sainte-Marie et Nosy-Be, afin de les comparer à celles de La Réunion (sur une plateforme de comparaison en ligne appelée Flukebook).
Cela permettra d’analyser les éventuels déplacements des individus entre ces différents sites de reproduction.

Analyse des données environnementales

Pour tenter de comprendre les facteurs environnementaux qui peuvent influencer les variations inter-annuelles de la fréquentation des baleines à bosse, des données environnementales issues d’images satellites (température, chlorophylle, etc.) seront croisées avec les données historiques de fréquentation de La Réunion.

Enregistrement des chants de baleines à bosse

Des hydrophones seront déployés à La Réunion afin d’enregistrer les chants de baleines à bosse et affiner ainsi la comparaison des niveaux de fréquentation des baleines autour de l’île.

D’autres hydrophone seront posés dans les eaux de Sainte-Marie, Fort Dauphin, Tuléar et Nosy Be afin de comparer les niveaux de fréquentation entre les différents sites de reproduction de Madagascar et avec ceux de La Réunion.
La structure des chants sera également analysée afin de vérifier d’éventuels connexions et sens de migration entre ces sites.

Action 2 : Approfondir les connaissances sur les dauphins côtiers du sud-ouest de l’océan Indien

Pour acquérir de nouvelles connaissances sur les populations de dauphins côtiers de La Réunion et du sud-ouest de l’océan Indien, deux types d’activités sont prévues :

Observation et photo-identification des dauphins côtiers

Des données d’observation et de photo-identification de dauphins côtiers seront collectées à La Réunion, pour d’une part suivre l’évolution des effectifs des populations, et d’autre part améliorer les connaissances relatives à l’habitat et l’aire de distribution du grand dauphin commun, du dauphin long-bec et du dauphin tacheté pan tropical.
Il s’agira par ailleurs de comparer les catalogues de dorsales de dauphins long-bec de La Réunion, Madagascar et Maurice, et les catalogues de grands dauphins communs de La Réunion et Maurice, pour étudier le niveau de connectivité des populations de chaque île.

Prise de biopsies

Afin de réaliser, à terme, une étude génétique régionale sur les populations de dauphins côtiers, en vue notamment de vérifier le degré d’isolement des populations résidentes de La Réunion, des échantillons seront collectés à La Réunion et à Madagascar afin de compléter les données disponibles sur les grands dauphins et les dauphins long-bec.

Pour plus d’informations :

  1. https://www.globice.org/espace-scientifique/programme-de-recherche/projet-et-cet-r-a/

  2. https://www.globice.org/espace-scientifique/programme-de-recherche/projet-flukebook/

 

MARINE LITTER MONITORING PROJECT (2019-2021)

La Western Indian Ocean Marine Science Association (WIOMSA) soutient des projets sur les suivis des déchets marins dans la région du Sud-Ouest de l’Océan Indien dans six pays : les Seychelles, le Mozambique, le Kenya, l’île Maurice, Madagascar et l’Afrique du Sud.

Sur une période de 3 ans (2019-2021), des suivis des déchets marins accumulés sur les côtes vont être réalisés avec des méthodologies communes.

A Madagascar, le projet est mené conjointement par Cétamada (Association malgache pour la conservation des mammifères marins et des habitats marins dans l’Océan Indien) et CEDTM (Centre d’Etude Des Tortues Marines à La Réunion).

L'objectif de ce grand projet est de pouvoir apporter pour la première fois une caractérisation et l’identification des déchets marins qui permettra d’ agir à toutes les étapes du cycle de vie des objets : production, transport, consommation et gestion des déchets.

Pour la collecte des données, quatre sites ont été sélectionnés : Nosy Be, Tuléar, Fort- Dauphin et Sainte Marie.


SEA LANCE (2020-2024)

Le but du Projet « Sea lance » est d’effectuer des recommandations à l'Europe en matière de mesures visant à limiter les impacts du trafic maritime sur les mammifères marins.

Le projet va se dérouler dans 3 zones différentes dans le monde :

  • La grappe de l’Atlantique Nord,

  • La grappe de l’Océan Pacifique,

  • La grappe de l’Océan Indien dont Madagascar.

Ce projet est mené par le labo CNRS et Cetamada fait partie des partenaires dans les zones de l’Océan Indien qui a pour rôle de collecter des données par l’enregistrement acoustiques à l’aide d’un hydrophone.


CATS (2020-2024)

Ce projet a pour objectif principal d’actualiser et approfondir nos connaissances sur la biologie et l’écologie des baleines à bosse, afin de pouvoir identifier les facteurs de perturbation qui peuvent les influencer et guider la mise en place des actions de conservation et de protection de l’espèce. Les approches qui seront utilisées sont innovatrices et seront donc aussi clés pour les études futures sur les cétacés et mammifères marins en générales.

Le projet sera articulé autour de trois points :

  1. Étude du comportement acoustique des différents groupes sociaux

  2. Étude du comportement d’allaitement et de nage des couples Mère-Baleineau

  3. Étude de l’impact de la pollution sonore sur les baleines à bosses.

Ces études seront principalement focalisées sur l’utilisation des balises « accousonde » et « caméras CATS » qui seront ventousées sur le dos de l’animal.
Il s’inscrit dans une logique d’observation à long terme afin de poursuivre la constitution d’une banque de données sur les baleines à bosses de Madagascar.


Gestion décentralisée des déchets sur l’île Sainte-Marie Madagascar (2021)

La gestion décentralisée des déchets à Sainte-Marie est un projet qui vise à mettre en oeuvre un programme de gestion des déchets dans les villages Sud  de Sainte Marie dans les deux Fokontany (Vohilava et Mahavelou). Ce projet est financé par la Fondation Coca-cola, qui soutient des initiatives communautaires durables de recyclage à travers le monde.

Les objectifs du projet à court terme sont:

  1. Établir un rapport de référence sur la quantité de déchets produits dans les deux Fokontany (Vohilava et Mahavelou). Cette étude de base fournira la quantité de déchets générés à l’échelle des villages et sera mis à disposition des autorités locales pour soutenir les initiatives mises en place pour la gestion des déchets.

  2. Sensibiliser les communautés locales (production, consommation, réduction, séparation, recyclage.

  3. Accompagner les autorités locales dans la mise en place d’une solution pérenne de gestion des déchets sur le long terme à l’île Sainte Marie en prenant comme base les données collectées.

Le plan de réalisation:

  • Sensibilisation et éducation sur les déchets

  • Installation des poubelles de stockage et de tri des déchets auprès des villages

  • Collecte hebdomadaire des déchets

A long terme, ce projet va s’étendre dans tous les fokontany de l’île. Sainte-Marie deviendra une île propre reconnue au niveau national et deviendra la première destination écologique et respectueuse de l’environnement à Madagascar.